Aujourd'hui, mettons les pieds dans le plat, nous allons parler du deuil blanc
Le deuil blanc, qu'est-ce que c'est ?
Cette souffrance silencieuse qui nous consume lorsqu'un proche est encore physiquement présent mais mentalement absent. Alzheimer, démence, maladie neurodégénérative, soins palliatifs... on connaît les termes cliniques, mais parlons de ce qu'on ressent vraiment.
QUI OSE DIRE QU'IL OU ELLE N'Y A JAMAIS PENSÉ ?

Soyons honnêtes un instant.
Qui, parmi nous, confronté à la lente disparition d'un parent, d'un conjoint, n'a jamais eu cette pensée fugace, cette pensée honteuse : "Quand est-ce que ça va se terminer ?"
Qui n'a jamais, au détour d'une nuit blanche, après avoir répété pour la cinquantième fois la même réponse à la même question, après avoir nettoyé un énième accident, après avoir essuyé une colère injustifiée ou des accusations délirantes, pensé : "Je n'en peux plus" ?
LA VÉRITÉ QUE PERSONNE N'OSE EXPRIMER.
Qui n'a jamais eu ces pensées qu'on chasse immédiatement, ces pensées qui nous font culpabiliser terriblement : "Ce serait plus simple si c'était fini", "Je voudrais retrouver ma vie", ou même, osons le dire, "Parfois, je souhaiterais que la mort arrive pour nous libérer tous les deux."
Ces pensées ne font pas de vous un monstre.
Elles font de vous un être humain confronté à une situation inhumaine.
Le deuil blanc est peut-être la forme la plus cruelle du deuil, car il ne finit pas.
Il s'étire, jour après jour, dans une lente dégradation.
PARLONS DE CETTE CULPABILITÉ.
La société nous dit : "Tu dois t'occuper de tes parents", "C'est ton devoir", "Prends soin d'eux comme ils ont pris soin de toi".
Mais la société ne vit pas à votre place cette réalité quotidienne, épuisante, déchirante.
La culpabilité nous ronge quand ces pensées nous traversent.
Mais la vraie culpabilité devrait être collective, celle d'une société qui abandonne les aidants à leur sort, qui romantise le sacrifice personnel jusqu'à l'épuisement.
SE LIBÉRER POUR MIEUX AIMER.
Reconnaître ces pensées et ces moments difficiles peut devenir une première étape vers un certain apaisement.
Partager ce que l'on ressent permet souvent d'alléger le poids de la culpabilité qui nous accompagne.
Il y a cette réalité touchante : si cette situation nous affecte tant, c'est justement parce que notre amour est profond.
La douleur que nous ressentons témoigne de l'attachement sincère que nous portons à notre proche.
C'est le souvenir de qui ils étaient, de tous ces moments partagés, qui rend le changement si difficile à traverser.
ET VOUS, QU'EN PENSEZ-VOUS ?
J'accompagne depuis des années des personnes dans ce deuil si particulier.
Je sais que nommer ces pensées, les accueillir sans jugement, est souvent la première étape vers un accompagnement plus serein, plus authentique.
Je nomme ces pensées car OUI , elles m’ont traversé à plusieurs reprises avec mes parents.
Je pense aussi aux aides-soignantes de l’EHPAD et de la cadre de santé où est ma maman , comment font-elles ? Comment vivent-elles le déclin des résidants ?
Je vous invite à partager votre expérience, en réponse de mail.
Dans cet espace, votre vérité est bienvenue, sans jugement, sans censure.
Avec franchise,
Sylvie